Le 269
Une application libre d’infos sur les Comores, anti-autoritaire et révolutionnaire.

Culture Le 20 Jan 2019 Le 269 0 Commentaire(s)

Le Sultan Saïd Ali, dernier sultan de Ngazidja

Said Ali ben Said Omar al Maseyili a été le sultan de Bambao en Grande Comore puis Sultan Ntibé et est mort le 10 février 1916 à Tamatave. Il est le fils de Saidi Omar d'Anjouan, mais c'est en vertu du principe de multilinéarité de la transmission des biens dans la culture comorienne qu'il

Télécharger Le269

reçoit le trône du sultanat de Bambao à la Grande Comore. Il est le petit-fils de Saïd Achmet Mouigni Mkou de Bambao.

Il accède au pouvoir vers 1875 à la mort de son grand-père, alors qu'il est à Mayotte où il a reçu une éducation de type européen. Il rentre à Moroni et fait valoir ses droits au Sultanat.

Le botaniste français, Léon Humblot débarque en 1884; c'est un homme déterminé, aux manières affables. Le sultan l'apprécie et signe avec lui le 5 octobre 1885, en tant que sultan de toute la Grande Comore, un contrat lui offrant, en exclusivité, des terres sur des sultanats que Said Ali ne contrôlait pas, avec une exonération de l'impôt. En outre Said Ali s'interdit de signer un protectorat avec une autre nation. Or des Allemands accostent également en 1884 et parviennent à faire hisser leur drapeau sur les hauteurs de Foumbouni. Humblot, y voyant une menace pour ses intérêts, va remplacer le drapeau.

Alors que la Grande-Bretagne ne bouge pas, les Allemands soutiennent le sultan de Badjini Hachim bin Ahmed qui ne tarde pas à assiéger Moroni. Humblot part à Mayotte et essaie de convaincre le gouverneur d'intervenir, brandissant la menace allemande et son contrat avec Said Ali.

L'intervention implique la reconnaissance de souveraineté de Said Ali, en effet vis-à-vis des autres puissances européennes, la France ne peut intervenir militairement pour favoriser des intérêts privés. Le protectorat devient effectif et Weber est nommé résident, mais Said Ali préfère traiter avec Humblot, homme en qui il a confiance. En sus, Humblot et Weber semblent en conflit permanent, principalement pour ses exemptions de taxes.

Disposant de quelques officiers français et d'armes, il est impitoyable avec ses opposants. Certains le surnomment M'pouwa zitswa, le coupeur de tête. Nombreux sont ceux qui préfèrent l'exil comme son beau père Acheikh Saïd Mohamed Cheikh Al Maarouf, patriarche de la Tarika Chadhouli aux Comores. Ce dernier mettait en cause l'orgueil du Sultan. Il devint vite un fugitif et s'exila.

En janvier 1886, en raison des incessants conflits militaires, la France proposa de réduire à 5 sultanats les douze sultanats traditionnels de l'île (Bambao, Itsandra, Hamanvou, Mboudé, Mitsamihouli, Mboinkou, Hamahamet, Oichili, Dimani, Domba, Badjini et Hambou) . Said Ali accepte le 24 juin 1886. Humblot est finalement nommé résident le 17 novembre 1889.

Le 5 janvier 1892, la France propose de supprimer les cinq sultanats pour recréer douze provinces administrées par un Cadi et basées sur les anciennes frontières.

La relation avec Humblot se détériorent et en 1893 Humblot est victime d'une tentative d'assassinat, sans que l'on puisse démontrer que Said Ali ait été le commanditaire.

Sans préavis, l'administration exile Said Ali bin Said Omar d'abord à Diégo-Suarez puis à La Réunion à partir de 1897. Humblot perd son poste par la suite.

En 1908, les îles sont mises sous la tutelle du gouverneur de Madagascar et les résidents perdent leur pouvoir. Said Ali bin Said Omar se tourne vers la justice et obtient raison en 1909. Le tribunal reconnait illégale sa destitution mais les autorités ne le laissent pas retourner en Grande Comore pour remonter sur le trône. Il obtient néanmoins une compensation pour ses pertes.

Alors qu'il est en France, il cède officiellement son pouvoir le 3 février 1911. L'annexion officielle des Comores par la France est prononcée en 1912 et l'île intégrée à la colonie de Madagascar.

Un de ses fils, le prince héritier Saïd Houssein, a rejoint la Légion étrangère, le 4 août 1916. Said Ibrahim, demi-frère de ce dernier, est né le 17 avril 1911 à Tananarive, celui qu'on nomme le Prince Saïd Ibrahim ancien Chef d'Etat Comorien et père de Saïd Ali Kemal Saïd Ibrahim alias Chouma et Maître Fahmi Saïd Ibrahim (deux hommes d'Etat Comorien).

#SurLesTracesDeLaCultureComorienne

Commentaire(s)