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Société Le 14 Jan 2019 Chams Dine 0 Commentaire(s)

Mayotte : nos échecs fondent leur force

Il y a dix ans, les habitants de Mayotte, se sont prononcés á 95, 20% pour la départementalisation de leur île et pour demeurer dans le giron français. Votre blog avait titré à l’époque « nos échecs fondent leurs forces ».

Un article d’une triste actualité 10 ans après.

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En une décennie, des milliers de Comoriens sont morts dans la bras de mer qui sépare Anjouan de Mayotte en tenant de fuir la misère de la partie indépendante de l’archipel. Comoresdroit.centerblog.net

Le 29 mars dernier, les habitants de Mayotte, cette île de l’archipel des Comores administrée par la France, revendiquée par l’Union des Comores et mentionnée dans les constitutions de ces deux pays, se sont prononcés á 95, 20% pour la départementalisation de leur île. Ce résultat a constitué pour nous comoriens de la partie indépendante, un camouflet, un échec dans notre lutte pour recouvrer notre intégrité territoriale.

Pour la énième fois, les mahorais ont rejeté l’option de la réunification. Loin de discours lénifiants de certains de nos intellectuels qui ne veulent pas regarder la réalité en face, cette volonté farouche des mahorais de se séparer définitive des Comores, ont mis á nue aux yeux du monde entier notre incapacité à fonder une nation ou la volonté de vivre ensemble prime sur les revendications insulaires. Les échecs de notre pays, entretenus, faut il le rappeler par l’ancienne puissance coloniale, renforcent la détermination de nos compatriotes mahorais á vouloir définitivement couper le cordon ombilical avec nous.

Certes des progrès immenses ont été accomplis par notre pays, dans le domaine de l’éducation, de la santé, des infrastructures, de télécommunication et j’en passe, mais nous avons lamentablement échoué à fonder un véritable Etat de droit ou la loi prime sur toute autre chose. Nous avons échoué à fonder un Etat nation qui transcende nos querelles insulaires, régionales et villageoises. Nous avons échoué á établir un véritable état civil et un cadastre pour sécuriser nos biens immobiliers. Nous avons lamentablement échoué dans la gestion des deniers publics. Nous avons laissé le pays et la nation s’autodétruire.

Il faut avoir l’honnêteté intellectuelle de reconnaitre que dans cette première manche du combat qui nous oppose á nos cousins de Mayotte depuis 1975, puisqu’il s’agit d’un combat pour ne pas dire la guerre de salive, ces derniers ont gagné. Ils sont gagné en réussissant à réunir la presque totalité des partis politiques français dans leur combat visant á la départementalisation de l’île de Mayotte en dépit des condamnations des instances internationales.

Ils ont gagné en réussissant á créer artificiellement et en déformant notre histoire commune, un peuple mahorais qui ne se reconnait dans notre comorianité. Ils ont réussi avec le soutien financier de l'Etat français á moderniser leurs services sociaux de base qui étaient au même niveau que ceux des autres îles á l’accession de notre pays á l’indépendance en 1975. Ainsi leur système éducatif et sanitaire sont plus performants que les nôtres, jusqu’aux années 90, plusieurs mahorais venaient á Anjouan et á la Grande Comore pour se scolariser et se soigner. De nos jours, nos frères et sœurs, nos enfants meurent par milliers par an pour aller respirer la prospérité d’á côté ou tout simplement se soigner et accoucher. L’heure n’est pas de baisser les bras pour recouvrer notre intégrité territoriale. Nous avons perdu une bataille, mais pas la guerre.

A charge pour nos gouvernants et l’ensemble des comoriens où ils se trouvent à relever le défi en faisant en sorte que nos enfants puissent gagner la seconde bataille en constituant un Etat de droit géré dans la transparence et l’équité, où il fait bon vivre. Nous avons les capacités d’atteindre cet objectif. A ce moment-là, nos enfants poseront leurs conditions á la France pour la réintégration de Mayotte dans son giron naturel.

Par #ComoresDroit

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